« Echapper à l’orgueil de penser que nous serions les seuls à avoir raison ».

Quels moyens, quelles conditions, quels éléments doivent être mis en œuvre pour favoriser la cohésion sociale et rendre possible la construction d’une Europe multiculturelle soudée au sein de laquelle la diversité pourra être comprise en tant que véritable richesse, sur laquelle prendre appui pour progresser, dans un esprit d’ouverture et de reconnaissance réciproque dans la liberté, la solidarité et la responsabilité ? Comment expliquer que les messages de fraternité et d’amour que professent les religions font naitre des comportements quelques fois aux antipodes du message mère ? Comment recréer la cohésion sociale dans le respect de la démocratie et des droits humains ? Quelles valeurs partager ? Quelles attitudes adopter ?

Ces réflexions ont amené un ensemble d’organisations à se réunir au sein du G3i pour organiser, avec la Conférence des OING du Conseil de l’Europe, un colloque international interculturel et interconvictionnel intitulé : « Cohésion sociale dans une Europe multiculturelle : rôle et impact des courants de pensée et des religions ». Ce colloque fut une première étape qui a permis d’ouvrir un champ de réflexions et d’actions fondées sur l’hypothèse selon laquelle les valeurs de notre société « sont largement partagées pour transcender les communautés de conviction et les conduire au dialogue et à l’évolution des mentalités ».

Ce colloque s’inscrit dans une démarche interconvictionnelle qui consiste à associer dans une même construction politique, culturelle et sociale, des personnes, croyantes et non croyantes désireuses de coopérer à développer la cohésion sociale et de rechercher à comprendre pourquoi d’autres, s’appuyant aussi sur des convictions religieuses, agnostiques ou athées, sont sources de décohésion sociale, de guerre, de dégradation humaine.

La diversité des membres, inhérente à chacune des OING présentes, nous a permis d’apporter une contribution originale au débat sur la construction d’une société cohésive. Par cette approche nous souhaitons éviter le risque de sombrer dans un dialogue qui, en se limitant aux seuls responsables hiérarchiques, n’illustrerait pas en suffisance la diversité des opinions, de pensées et de cultures qu’il pourrait y avoir dans ces groupes sociaux, y compris au sein même des institutions religieuses. En effet, l’identité d’un individu renvoie le plus souvent à des appartenances multiples, reconnues et consenties. Nous partons ainsi du postulat qu’il « ne saurait y avoir (…) de représentation univoque de réalités complexes ».